UNE CHASSE QUI TOURNE MAL OU TEL EST PRIS QUI CROYAIT PRENDRE

18/02/2024

Si il y a bien un acte de décès parmi mes ascendants, qui m'a fait froid dans le dos, c'est bien celui d'Honoré Damase Lauret ou Lorette (Sosa 70) né le 14 Juin 1777 à Saint-Pierre.

Mais avant de vous donner lecture de celui ci, décrivant les circonstances de sa mort, je vais tenter de vous expliquer très simplement ce qu'était le marronnage (évasion des esclaves) à l'époque et les punitions qu'ils recevaient afin de mieux comprendre le contexte.

Un marron était un esclave en fuite. Certains s'échappaient des plantations pour rejoindre leur famille dans d'autres plantations mais aussi pour fuir les mauvais traitements.

Les marrons se réfugiaient dans les montagnes les plus reculées de l'île. Comme les marrons attaquaient les plantations, bien souvent les propriétaires d'esclaves appelaient aussi les maîtres organisaient eux-mêmes des expéditions de chasseurs professionnels.

Normalement les maîtres n'étaient pas autorisés de tuer ou mutiler les esclaves. Mais cette loi n'a jamais été respectée.

Pour les « petites » fautes l'esclave était : privé de repas, enchaîné sur une barre ou fouetté.

S'il s'enfuyait les punitions étaient plus sévères : oreilles coupées, marquage au fer rouge, mort par pendaison.

S'il frappait son maître : mort par roue, écartèlement, bûcher et pendaison.

Ces punitions étaient la plupart du temps exécutées par des commandeurs (c'est un individu chargé de diriger un groupe d'esclaves travaillant sur les plantations coloniales. Cette personne pouvait être un blanc employé par le maître, ou alors une personne elle-même réduite en esclavage, à laquelle le maître fait particulièrement confiance.)

Maintenant, revenons aux circonstances de la mort, mentionnées dans l'acte de décès de mon aïeul : Damase Lorette ou Honoré Damase Lauret selon les actes. Les voici :

"Commissariat civil du quartier Saint-Joseph du mercredi quatre février mil huit cent sept. Acte de décès de Damase Lorette et Jacques Lorette, décédés le jeudi vingt neuf dernier, nés à Saint-Joseph, Isle Bonaparte. Ledit Damase Lorette âgé [de] vingt neuf ans et Jacques Lorette âgé de vingt ans, fils légitimes du sieur Jacques Lorette, cultivateur domiciliés au quartier Saint-Joseph et de dame Catherine Hoarau son épouse divorcée. Sur la déclaration à moi faites par les sieurs Adam J... (?), M... Hoarau fils, Alexis Dijoux et Corentin Picard, tout quatre cultivateurs domiciliés en ce quartier, qui atteste et certifie que les sus-dénommés ont été emmenés par les marrons dans les hauts et la ravine de Langevin ainsi qu'il appert par leur déclaration faites aujourd'hui sur le registre des déclarations à ce destinée, laquelle est en marge de celui ci, conformément à la loi et (…) signé (J.B. Mallet).

[En marge : ] L'an mille huit cent sept, le quatre février, huit heures du matin, sont comparus au commissariat et par devant nous commissaire civil du quartier Saint-Joseph, les sieurs M... Hoarau fils, Adam J... (?) , Alexis Dijoux et Corentin Picard tout quatre domiciliés au quartier Saint-Joseph, lesquels nous ont fait la déclaration … les rapports de trois chasseurs arrivant de la chasse dans les hauts et la ravine de Langevin. qu'ils avaient été poursuivis par une bande de marrons, et que voyant que les sieurs Damase Lorette, Jacques Lorette et Jacques Michelle Picard qui étaient aussi à la chasse dans ladite ravine n'étaient point de retour le dimanche, devant revenir le vendredi que cela les firent penser qu'ils étaient assassinés par la même bande de marrons et qu'à la sollicitation des familles ils montèrent à leur rencontre le lundi et trouvèrent à l'endroit appelé le s....(?) dans la dite ravine de Langevin, les cadavres des sieurs Damase Lorette et Jacques Michelle Picard, qu'ils ont bien reconnu, le premier ayant un coup à la tête faite d'une hache et la figure écrasée de coups de roche et la poitrine et les bras meurtris de coups de bâtons et n'avait que son caleçon, le dernier avait la tête séparé du corps et un coup de lance ou couteau de la fesse aux testicules et ont signé a l'exception du sieur Alexis Dijoux qui a déclaré ne le savoir de ce interpellé (…) Signé : M… Hoarau fils, Corentin Picard, Adam J... (?) et Jean-Baptiste Malet, commissaire civil."

Les noms de famille cités dans l'acte à savoir : Lorette ou Lauret, Picard, Hoareau... étaient des familles connues sur l'île pour posséder des esclaves.  Seraient ils tombés dans un guet apens tendu par les marrons  ? ou alors ont ils changé la version des faits au commissariat en disant : "être poursuivis par les marrons" ? L'histoire ne nous le dit pas. Néanmoins, l'exaspération des punitions faites aux marrons par les colons montre bien la violence de leurs actes lorsqu'ils s'en prenaient aux blancs.

Le marronnage. Tony de B. del. In : Les Marrons, L.-T. Houat, Paris, Ebrard, 1844. Bibliothèque administrative et historique des Archives départementales de La Réunion
Le marronnage. Tony de B. del. In : Les Marrons, L.-T. Houat, Paris, Ebrard, 1844. Bibliothèque administrative et historique des Archives départementales de La Réunion
L’évasion. Tony de B. del. In : Les Marrons, L.-T. Houat, Paris, Ebrard, 1844. Bibliothèque administrative et historique des Archives départementales de La Réunion
L’évasion. Tony de B. del. In : Les Marrons, L.-T. Houat, Paris, Ebrard, 1844. Bibliothèque administrative et historique des Archives départementales de La Réunion
Acte de décès de Damase Lorette Sosa 70
Acte de décès de Damase Lorette Sosa 70
IL ETAIT UNE FOIS MES ANCETRES A
L' ILE BOURBON
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